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L’Agence nationale de conseil agricole et rural (Ancar) compte multiplier les actions pour accompagner l’Etat et les partenaires au développement dans le développement de l’approche chaines de valeur en milieu rural. Dans cet entretien, la directrice générale de l’Ancar, Mariama Dramé, invite, toutefois, les acteurs à développer des synergies en tenant compte du rôle incontournable du conseil agricole et rural dans les actions en cours dans le monde rural.

Il est admis que le conseil rural et agricole joue un rôle majeur dans le développement rural. Dans le contexte marqué par la mise en œuvre du Programme d’accélération du rythme de l’agriculture (Pracas) décliné dans le Plan Sénégal émergent (Pse), comment se porte le conseil rural agricole ?
L’Agence nationale de conseil rural et agricole (Ancar) est un outil stratégique dans la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent et plus spécifiquement du Pracas à travers les différentes orientations fixées par le ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural. Aujourd’hui, l’Ancar est bien impliquée dans la diffusion à grande échelle des nouvelles technologies introduites pour améliorer la productivité agricole et les filières à travers l’approche chaînes de valeur agricoles au Sénégal.

Dans le Pracas, l’Ancar a réussi à développer différents partenariats stratégiques et opérationnels visant à améliorer le développement des filières. C’est le cas, par exemple, des céréales comme le mil, le maïs, le sorgho où l’Ancar a assuré la diffusion à grande échelle des variétés à haut potentiel de rendement comme le souna 3, thialack 2. L’Ancar a beaucoup travaillé aussi à la dissémination des nouvelles variétés de riz, d’arachide entre autres spéculations. A cette diffusion à grande échelle des nouvelles technologies introduites dans le monde rural, est combinée également un vaste programme sur les paquets technologiques afin d’élargir la base productive et les itinéraires techniques recommandées par la recherche et adaptées aux différentes zones agro-écologiques du Sénégal. A côté de ses efforts soutenus notamment dans la mise en œuvre du Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (Ppaao/Waapp) financé par la Banque mondiale et l’Etat du Sénégal, l’Ancar a entrepris plusieurs actions destinées à révolutionner le volet transformation par des mesures d’accompagnement en équipements post-récolte dans le milieu rural.

Des décortiqueuses à mil et maïs et des batteuses ont été distribuées aux producteurs et productrices dans une perspective de mise au marché de la production. Cela a permis d’appuyer le développement des filières à travers une approche chaînes de valeur agricoles déclinée par la tutelle. Outre l’Etat et la Banque mondiale, des partenaires comme le Pam, la Jica et le Kafasi (coopération sud-coréenne) ont accompagné l’Ancar dans cette mission.

L’objectif, aujourd’hui, est d’élargir la base productive dans le monde rural, introduire de nouvelles variétés à haut rendement et faciliter la transformation et la mise en marché de la production grâce à un renforcement des capacités opérationnelles et organisationnelles des producteurs. Ce qui a conduit à l’augmentation significative des rendements. Aujourd’hui, pour le mil, on note des rendements de plus d’une tonne à l’hectare contre environ 500 kilogrammes dans un passé récent. Avec le maïs, les rendements tournent autour de 3 à 4 tonnes à l’hectare.

D’une manière générale, on est dans une dynamique de révolutionner les filières et de capitaliser l’ensemble des efforts fournis par l’Ancar. Dans le développement de la filière riz, la contribution de l’Ancar a été considérable dans la relance de la riziculture pluviale dans des zones comme la Casamance.

Concrètement, qu’est-ce que l’agence a fait ?
L’Ancar a joué un rôle majeur dans la vulgarisation du système de riziculture intensif (Sri) dont le but est d’intensifier la production avec moins d’intrants. L’exemple des champs écoles dans l’introduction des nouvelles variétés de riz a été aussi une des actions à retenir. L’Agence, à travers différents projets et programmes, a pu développer des synergies qui ont permis d’engranger les résultats significatifs notés durant cette campagne. Grâce aux techniciens de l’Ancar, on a noté une adoption significative des technologies en milieu rural et une maîtrise des itinéraires techniques par les producteurs. En Casamance, par exemple, les sensibilisations menées par l’Ancar auprès des populations ont permis, aujourd’hui, le remembrement des parcelles pour respecter les itinéraires techniques recommandés par la recherche. Un aspect important qui a permis de booster la production. Pour accompagner tout cela, l’Etat et la Banque mondiale promettent de mettre à la disposition des producteurs, des motoculteurs multifonctionnels pour améliorer la production de riz pluvial en Casamance.

Une mini-rizerie sera installée aussi à Sédhiou à l’image de ce qui a été fait à Pont Gendarme, pour faciliter la transformation du riz local en Casamance. Ces efforts visent aussi à susciter l’entreprenariat en milieu rural notamment celui des femmes pour mieux développer le volet transformation et mise en marché de la production. Concernant la filière arachide, la diversification à travers l’approche mise en marché et la transformation à permis d’augmenter les revenus des producteurs.

Aujourd’hui, c’est une véritable révolution qui s’opère dans cette filière. Les producteurs ont fini d’y trouver leur compte en évitant le bradage de leurs récoltes. Pour accompagner cette dynamique,  l’Ancar a développé un grand programme d’appui des producteurs dans la lutte contre l’aflatoxine pour disposer d’huile d’arachide de bonne qualité. Dans le bassin arachidier, l’introduction de la table de traitement à permis de lutter contre l’aflatoxine et d’introduire les bonnes pratiques en milieu rural. L’engouement que cela a suscité auprès des femmes à créer des emplois et d’améliorer les revenus des producteurs. Grâce à ces mesures, on ne parle plus de bradage de la graine d’arachide dans le bassin arachidier.

A  vous entendre parler, on a l’impression que l’Ancar est en train de changer de paradigme pour verser totalement dans l’approche chaînes de valeur. Qu’est-ce qui justifie cette option ?
C’est cela qui a été même à la base de la création de l’Ancar. Il s’agit, aujourd’hui, de développer les actions dans une approche qui tient compte de toutes les dimensions de la chaîne de valeur agricole. Et l’Ancar, à travers les différents partenariats noués sous la houlette du ministère, a réussi à mettre à l’échelle des interventions qui ont permis le développement d’un service de conseil dans tous les maillons de la chaîne de valeur. L’agence, aujourd’hui, par sa mission, a contribué, de façon significative, au développement des chaînes de valeur agricoles au Sénégal. Il s’agit de développer davantage des synergies dans le conseil agricole et rural pour faciliter le développement des filières.  L’Ancar, compte tenu de son ancrage territorial a un rôle majeur à jouer dans ce sens.

Si nous prenons le cas de l’introduction de matériels post-récolte en milieu rural, l’Ancar a un rôle important à jouer car le but viser est de permettre l’allégement des travaux des femmes et d’améliorer les revenus des ruraux à travers une diversification des activités. C’est bien d’introduire ces technologies en milieu rural mais il faut faire en sorte qu’elles soient adoptées par les populations. Et l’Ancar, à travers son conseil agricole et rural, peut permettre de réussir une telle mission. Nous invitons les partenaires au développement à tenir compte de cet aspect.

Ne pensez-vous pas à développer davantage des synergies avec l’ensemble des projets et programmes initiés par l’Etat et qui ne sont pas logés au ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural pour parvenir à un développement rural beaucoup plus intégré ?
Je crois que l’Ancar a suffisamment capitalisé de l’expérience pour cette approche. Et cela ne pose pas de problème au ministère. Les synergies développées dans la mise en œuvre de projets comme le Pafa, le Papil entre autres prouvent à suffisance la nécessité de développer des synergies. L’Ancar, aujourd’hui, est incontournable en conseil agricole et rural. Et je pense que des programmes comme le Pudc ou encore le Ppdc en Casamance doivent prendre en compte cet aspect et profité du maillage territorial de l’Ancar et de son modèle d’action sur le terrain. Nous comptons œuvrer dans cette dynamique et encourager les contacts pour le développement des synergies avec tous les projets et programmes intervenant en milieu rural.

L’introduction de matériels agricoles en milieu rural doit être accompagnée d’un service approprié de conseil agricole et rural pour assurer la durabilité. L’Ancar ne demande qu’à être accompagnée. Au ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural, le problème de la mise à échelle a été définitivement réglé grâce aux orientations du Pracas.

Quelles sont les perspectives de l’Agence dans l’accélération de la cadence de l’agriculture au Sénégal ?
Nous comptons développer des partenariats stratégiques pour accompagner les grands programmes agricoles de l’Etat. Un plan stratégique est en cours d’élaboration dans ce sens. L’Agence a un rôle important à jouer dans l’adoption, la diffusion et le transfert durable des technologies. Cela bien entendu, ne pourra se faire sans développer des synergies.  L’Ancar a un rôle important d’animation à jouer dans la mise en œuvre des programmes en milieu rural et on doit profiter de son ancrage territorial dans leur exécution.

Propos recueillis par
Seydou Prosper SADIO
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